Histoire du Château de Salvert et de la famille, Anjou, France
Le château le plus sculpté de la région, Saumur, Châteaux de la Loire
Histoire du Château
Salvert, les terres et les bois sont restés dans la même famille depuis plus de 700 ans. La propriété est transmise par les femmes. Se succèdent : les Lejumeau de Kergaradec, les Leroux de Mazé puis de Salvert, et les Le Pelletier de Glatigny depuis 1862.
"Au XVI° siècle se dresse un logis seigneurial. Puis au XVIII°, par l’édification de l’aile est-ouest (aile droite), Salvert devient un château abritant de vrais salons, et des chambres confortables.
Pierre Petit, Charles de Savonnières, et Réné Lejumeau (Seigneur de Blou) se succèdent. Par Mariage, Salvert passe des Lejumeau aux Leroux de Mazé. Puis en 1846, Amélie Leroux épouse le Baron Louis Eugène Le Pelletier. Ce sont eux qui seront les auteurs d’un vaste projet dont la construction du château n’est que l’élément final. Quarante-trois actes notariés passés devant le seul notaire d’Allonnes entre 1846 et 1861 montrent la restructuration et la nouvelle gestion de la terre. En 1862, le Baron et la Baronne Le Pelletier de Glatigny font appel à l’architecte Saumurois Couët (1)" et également, selon la tradition orale de la famille, au célèbre architecte de la ville de Saumur Joly Leterme qui apportera son concours sous forme de conseil.
"Un projet d’envergure chemise l’ancien logis du XVI° et l’aile XVIII° en les complétant par des adjonctions hardies. Les deux châteaux accolés dans une disposition en équerre seront maintenus unis par une même ornementation de façades mais en style gothique cette fois, tant pour la modernisation des anciennes structures que pour les constructions complémentaires au bâti ancien. Les sculpteurs seront chargés de faire de ce château l’un des plus sculptés et des plus gothiques de toute la province. Et malgré un programme de sculptures chargé, malgré la profusion d’ajouts divers (que sont crêtes de faîtage, épis, fleurons, consoles, créneaux et choux en ronde-bosse), la coexistence des architectures du XVIII° et néogothique ne parviendra pas à être gommée totalement procurant à ce château un aspect surprenant par son foisonnement de sculptures, de cheminées, de tourelles qui percent les toits à combles brisés" (2)
La famille LE PELLETIER
Les « Le PELLETIER » sont une vieille famille d’artilleurs, de père en fils, au temps ou l’artillerie avait un statut indépendant de l’armée. En 1662, Michel Le Pelletier est nommé Garde Général de l’artillerie de France, dépendant du seul Grand Maître ; son portrait est au musée de Versailles (3). En 54 ans de service, il participe à 75 sièges , 11 batailles et plusieurs guerres. Ses deux fils furent chacun Lieutenants Généraux des armées du Roi, dont Laurent-Michel, 45 ans de service, qui participe à 29 sièges, 5 grandes batailles et plusieurs guerres. Deux autres lieutenants généraux suivront. Ils seront anoblis en 1703 par Louis XIV et confirmés en 1738 par Louis XV (4). Ils portent pour armoiries « d’azur à la face d’argent chargée d’un croissant de gueules accompagnée de trois étoiles d’or, deux en chef et une en pointe » et ont pour devise « Fidelis et audax » (fidèle et audacieux).
Salon vert
Pour la table d'hôtes et le petit déjeuner
Au XVIII° le Salon Vert (40m²) servait de fumoir et permettait de jouer au billard. Dans un décor de style Louis XVI, les panneaux de boiseries accueillent des toiles imprimées au XIX°, aux motifs de rinceaux de feuillages et d’oiseaux. Vous pouvez y admirer le portrait de la grand mère du propriétaire, Marie-Thérèse LE PELLETIER de GLATIGNY née Van den CORPUT.
Salon Blanc
Au XVIII° existait dans l'aile centrale une enfilade de salons. Au XIX° le propriétaire souhaite créer une vaste pièce de réception. Pour cela, il rassemble deux salons (en supprimant la cloison les séparant). Cette magnifique pièce du XIX° de 50m² abrite alors un décor de style Louis XV en bois sur les murs et en staff blanc au plafond.
"Les décors du plafond y sont magnifiques. Les tortils des angles et les frises pourront un jour être soulignés en remplaçant le blanc par des ors et les vides des grands cartouches par les chiffres ou armoiries de la famille Le Pelletier. Les tapisseries mécaniques encadrées dans des boiseries représentent des bouquets champêtres. Le mobilier néo-Louis XV d’origine, d’époque XIX°, aux mêmes motifs que les tapisseries occupe encore l’espace. Afin de protéger les tapisseries, cette pièce est volontairement concue pour ne pas recevoir directement les rayons du soleil. Cependant, quatre miroirs aux décors sculptés en bois de feuillage et de fleurs de lys ont été scellés pour capter la lumière de l’ouest." (2)
Le propriétaire actuel a fait percer en partie haute la porte pleine pour apporter plus de lumière. Une cheminée en marbre blanc d’Italie sculpté aux décors de style Louis XV fait face à l’entrée du Salon Vert.
Le Salon blanc est souvent ouvert pour des concerts de piano.
(1) Célestin Port, Dictionnaire . T III p.466
(2) Extrait de Guy MASSIN LE GOFF, le néogothique civil en Anjou, Paris, 1999, 1550 p, thèse de doctorat, Conservateur, Conseil Général Maine et Loire
(3) Versailles, salle 165, n°4318.
(4) Archive Nationale, P2592, fol 31